
Aujourd’hui, j’avais envie de parler d’une série documentaire que j’ai trouvée sur Netflix. Le premier épisode de cette série est sur les huiles essentielles, donc ma curiosité a été piquée. Cette série « documentaire » est tournée aux États-Unis et le premier épisode est une compilation d’histoires de personnes qui utilisent les huiles essentielles. Ce qui est important à retenir avant de visionner cette série est que la réglementation sur les huiles essentielles et leur utilisation n’est pas la même aux États-Unis qu’en France. Je vais vous faire un résumé de ce que j’ai pu voir (attention spoiler alerte !!!!) dans l’épisode et ce que j’en pense.
Une infirmière formée en aromathérapie clinique
Dans la première partie de l’épisode, nous pouvons rencontrer une infirmière qui a été formée en aromathérapie clinique et qui exerce dans un hôpital. Elle passe dans les chambres des patients qui peuvent avoir besoin de ses services et leur propose de sentir plusieurs huiles essentielles en fonction des problématiques qu’ils rencontrent et de leurs demandes. On voit notamment un homme, qui a été opéré au niveau du dos et qui se sent anxieux de devoir se remettre debout et de marcher. L’infirmière lui propose alors des huiles essentielles à sentir pour choisir celle qu’il préfère. Malheureusement sur le flacon il y a écrit « orthopédie » et donc nous ne savons pas vraiment ce que le patient a choisi. Néanmoins, il peut dire par la suite que ce moment avec l’infirmière et les huiles essentielles l’ont détendu et se décide finalement à se lever et marcher en trouvant que la douleur qu’il ressent est quasiment imperceptible.
Ce que je trouve intéressant dans ce témoignage c’est que l’infirmière nous parle des propriétés des huiles essentielles et de leur efficacité qu’elle observe au quotidien et en même temps de l’effet placebo potentiel. On voit que le patient a été rassuré et détendu par les huiles essentielles, mais il dit aussi combien le temps que lui a accordé l’infirmière a été agréable et donc c’est un ensemble de choses qui lui a permis d’aller mieux. Je trouve important d’aller au-delà des propriétés que ce soit des huiles essentielles ou des médicaments et de parler de la qualité relationnelle qu’on peut offrir et qui très important, voir indispensable, dans le bien-être des personnes et qui est a un effet positif chez les patients en termes de douleur, de stress et donc de guérison.
Une mère et sa fille de 15 ans présentant des troubles autistiques
Dans la deuxième partie de cet épisode, nous rencontrons une maman qui parle de sa fille Sarah présentant des troubles autistiques et qui a maintenant 15 ans. Cette maman cherche une solution pour atténuer le stress de sa fille et l’aider à mieux dormir la nuit et donc à être plus calme dans la journée. Cette maman rencontre une aromathérapeute clinique qui va préparer des synergies à diffuser pour aider sa fille. Dans cet extrait, on remarque les différences entre la France et les États-Unis en aromathérapie, en effet, cette aromathérapeute prépare des synergies d’huiles essentielles, ce qui en France est interdit pour un aromatologue, car ce champ est uniquement réservé aux pharmaciens. On constate aussi qu’elle ne recommande absolument pas d’ingérer des huiles essentielles, ce qui n’est pas en accord avec l’aromathérapie française.
C’est plutôt intéressant de pouvoir observer des utilisations différentes, ce qui peut nous amener à nous questionner sur nos pratiques en France. Cette aromathérapeute déconseille d’ingérer les huiles essentielles à cause du risque d’endommager nos muqueuses. En effet, c’est une préoccupation qu’il faut avoir. C’est pourquoi, en France, nous recommandons de ne pas mettre en bouche les huiles essentielles irritantes et dermocaustiques et surtout de ne pas utiliser d’huile essentielle tous les jours.
À la fin de l’épisode, nous retrouvons Sarah qui, après trois semaines de diffusion, dormirait mieux et serait plus calme et plus présente à son environnement dans la journée.
La famille Z
Le Dr Z travaille avec sa femme pour éduquer les gens aux huiles essentielles en vendant des livres d’aromathérapie et des cours magistraux. Dans l’épisode, le Dr Z nous parle du quotidien de sa famille avec ses enfants et du fait qu’ils utilisent des huiles essentielles dans tout, tout le temps et partout. Ça inclut des diffuseurs partout dans la maison, des huiles essentielles dans le savon, la menthe poivrée dans le smoothie qu’il fait boire à sa petite dernière de 3 ans, mais également le spray d’huiles essentielles de menthe poivrée et de clou de girofle dont il asperge ses enfants. C’est vrai que nous n’avons pas d’indications précises sur les quantités et les dilutions qu’ils utilisent, mais même sans, je ne vous recommande pas d’utiliser des huiles essentielles tous les jours et tout le temps. Rappelons que les huiles essentielles sont certes des extraits de plantes, mais ce sont aussi des concentrés de molécules aromatiques très puissantes dont il ne faut pas surcharger le corps. C’est comme tout, l’excès n’est pas bon, nous n’avons pas de retour sur des effets à outrance et à long terme.
Docteur en sciences et chercheuse
Dans cette quatrième partie, nous rencontrons une docteur en sciences qui parle de la chimie des huiles essentielles utilisées en aromathérapie et qui écrit des livres sur ce sujet. Elle nous parle du manque de preuves quant aux propriétés des huiles essentielles sur l’homme. En effet, beaucoup d’études ont été réalisées in vitro en laboratoire ou in vivo sur d’autres êtres vivants que l’homme comme la souris par exemple. Cette chercheuse met néanmoins en avant une étude réalisée sur l’homme avec l’huile essentielle de lavande qui s’est avérée avoir les mêmes propriétés anxiolytiques que le Lorazepam qui est anxiolytique de la famille des benzodiazépines.
Une conseillère bien être chez Doterra
Dans cette partie, c’est Alyson qui nous raconte son histoire et son expérience face à une tumeur au niveau du cerveau dont la partie non opérable aurait diminué après ingestion et application de différentes huiles essentielles. C’est pourquoi elle aurait voulu au sein de l’entreprise Doterra vendre des huiles essentielles pour aider d’autres personnes. Pour ceux qui ne le savent pas, Doterra est une entreprise de vente d’huiles essentielles sur le même modèle que les ventes Tupperware (si je ne me trompe pas). Ce qui m’a gêné dans le visionnage de cette séquence, c’est le fait qu’Alyson demande à des personnes, qui sont venues à sa réunion, de mettre une goutte d’huile essentielle d’oranger dans le creux de leurs mains et de les frotter. Ça me dérange à plusieurs niveaux, d’une part on ne sait pas vraiment de quelle huile essentielle elle parle (essence d’orange amère, d’orange douce, huile essentielle de néroli, de petit grain bigarade ?) Et d’autre part, on ne sait pas si elle parle des risques de se retrouver par inadvertance avec des huiles essentielles dans les yeux (ce fameux coin d’œil qui nous démange et qu’on gratte sans même s’en rendre compte) alors qu’il est absolument interdit de mettre des huiles essentielles dans les yeux.
Une journaliste parle de Young living : un système de ventes pyramidales
La journaliste parle de Young living et de son créateur Garry Young et parle de son parcours, de son accident qui l’a fait s’intéresser aux médecines alternatives, de sa licence en naturopathie d’une université non reconnue et de ses tests avec les huiles essentielles dans ses cliniques notamment de les mettre par intraveineuse (ce qui est totalement contre-indiqué).
Elle parle ensuite de ce business modèle qui est la vente pyramidale.
Le docteur en science nous rappelle que ces marques (Young living et Doterra) proposent des huiles essentielles pour tous les domaines de la vie : ménage, cuisine, santé … et qu’on ne connaît pas les effets cumulés de toutes ces huiles essentielles.
C’est pourquoi, en France, nous recommandons de faire des pauses thérapeutiques et donc de ne pas utiliser des huiles essentielles tous les jours. Soit 5 jours sur 7, soit 3 semaines sur 4 pour laisser le temps au corps d’éliminer les molécules aromatiques.
Personne à visage caché qui parle de Young living
Cette personne parle de son expérience en tant que vendeuse d’huile essentielle pour cette marque et du fait que ça n’ait pas marché pour elle en tant qu’activité commerciale.
On voit ensuite un avocat qui s’est spécialisé dans les réclamations et les plaintes contre Young living et son système de vente pyramidale.
Dans cette partie, on ne parle pas vraiment des huiles essentielles en tant que telles, mais plutôt d’un business modèle. Ça reste intéressant de savoir que ça existe et donc de bien vérifier la provenance de ses huiles essentielles.
Une ancienne distributrice d’huiles essentielles en vente multi niveaux
Elle ne souhaite pas donner le nom de la marque pour qui elle a travaillé, mais veut sensibiliser les gens au travers de son expérience. En lien avec son métier, elle a utilisé les huiles essentielles tous les jours : de l’huile essentielle de citron dans son eau le matin (attention les huiles essentielles ne sont pas miscible dans l’eau), de la lavande pour les propriétés calmantes, en gélules, en application cutanée… Elle parle ensuite de l’apparition de rougeurs puis de problèmes de peaux qui s’aggravent, mais ne demande pas d’avis médical et augmente sa consommation d’huiles essentielles sous les directives de ses « amis » Facebook. Elle décrit par la suite des rougeurs, des gonflements partout sur le corps. Finalement, quand ces problèmes arrivent au niveau de son visage, elle consent à aller voir un médecin et ils se rendent compte qu’elle était allergique à l’huile essentielle d’ylang yang et de tea tree.
La morale, ou plutôt les morales de cette histoire, c’est déjà de toujours demander l’avis d’un médecin avant d’utiliser des huiles essentielles pour avoir un diagnostic et de ne pas faire à l’aveugle en fonction de conseils donner par des personnes qui n’ont aucune formation médicale ni connaissance en aromathérapie. C’est aussi de toujours faire un test d’allergie dès que vous achetez une nouvelle huile essentielle. Si cette personne l’avait fait, elle n’en serait probablement pas arrivée là. Et la troisième chose, c’est, je le répète encore une fois, de penser à la pause thérapeutique et de ne pas surcharger son organisme tous les jours en grande quantité de molécules aromatiques.
En conclusion, ce premier épisode est plutôt intéressant, car c’est un tour d’horizon des utilisations aux États-Unis des huiles essentielles. On se rend compte que l’utilisation et la législation ne sont pas les mêmes qu’en France. Ça nous montre également, les effets positifs sur certaines personnes, mais aussi les effets délétères sur d’autres tout en montrant que c’est dans de mauvaises conditions d’utilisation : en trop grande quantité, tous les jours (rappel de la fenêtre thérapeutique), sans tests d’allergie avant l’utilisation des huiles essentielles et surtout le manque d’avis médical.
Néanmoins, c’est un documentaire qui ne rentre pas en profondeur sur ce qu’est une huile essentielle et comment les utiliser donc ne le regardez pas si c’est ce que vous chercher, mais c’est surtout pour prévenir les dérives possibles. C’est malheureusement un peu court à mon goût, ça survole beaucoup de points, mais sans rentrer dans le vif du sujet. On parle beaucoup plus de la vente pyramidale que réellement des huiles essentielles et de leurs propriétés donc c’est un peu dommage, mais sûrement nécessaire pour informer.
En soi, c’est une série documentaire intéressante pour être au courant des dérives qu’il peut exister dans le monde des huiles essentielles, mais aussi pour voir les effets positifs qu’on peut constater sur certaines personnes. Et c’est aussi un rappel de ne pas utiliser les huiles essentielles sans précautions.
N’hésitez pas à me faire part de votre avis si vous aussi vous avez visionné cet épisode.